Là où tout à commencer…

Comme la plupart des garçons, j’avais tendance à classer la danse comme une activité pour les filles, avec tous les clichés possibles et imaginables : Le tutu, la souplesse de dingue avec le grand écart comme référence absolue, et surtout, c’est moins exigeant physiquement que les sports de « mecs » avec les jeux de ballon, la musculation avec les quintaux de poudre protéiné et les litres de transpiration qui décorent de fort belle manière l’archétype même du mec viril qui s’admire devant la glace, fort de ses biceps qui font la circonférence d’une cuisse et d’une tronche tout droit sorti de la guerre du Vietnam.

Arrivé à mes 18 ans, j’étais invité à un mariage d’une de mes cousines du côté de Montpellier. Comme tout mariage qui se respecte, passé la cérémonie, la bague au doigt (elle a dit oui pour les amateurs de hors=sujets), place maintenant au plus intéressant : Le buffet. C’était un très bon moment jusque là, sauf que j’avais oublié la phase terminale de cet évènement : Danser sur la piste pour « digérer » (ou alors la phase pour notre ami internaute bourré qui se sent bien à ce moment là pour mettre le feu, ou pas, sur la piste).

Et là, une gène, un mal=être, s’installe petit à petit. Je vois de plus de plus de membres de ma famille qui vont sur la piste et moi de mon côté, je reste sur ma chaise, en observant, ne sachant quoi faire, en espérant qu’on ne se rende pas compte de mon absence au passage des sirènes du phare d’Alexandrie. Un espoir qui fût vain. Les cousin(e)s, les oncles, les tantes, tout le monde me demande de venir les rejoindre, et se posent la question de savoir si je m’ennuie où si j’ai un problème : Oui j’ai un problème, et il est là, devant moi, de plus en plus grand, le miroir de mon propre déséquilibre intérieur : Je ne sais pas danser _ Le fait que l’on me relance accentue mon malaise, et de plus en plus, je me retrouve à parler avec moi=ême ou du moins avec notre très cher égo. Le processus d’auto sabotage est lancé. Impossible de me lever de la chaise, où est=ce que je dois aller (question idiote mais véridique), si je me lève, on va me regarder, et donc on va me porter une attention plus particulière à voir comment je danse vu que j’arrive en dernier. Que vont penser les autres, ça va être la honte, ils dansent tous bien sauf moi, je ne saurais pas quoi faire de mon corps, je me sens prisonnier… Ca y est , le mot est lâché, je dirai même que j’étais dans une double cellule, celle entre moi et les autres sur la piste, et celle de mon mental avec l’égo en guise de tortionnaire. Un malaise qui s’accentue de plus en plus au fur et à mesure que tout le monde rejoint la piste, quelque soit leur âge, du plus jeune insouciant, au plus âgé, qui montre qu’il a encore des restes. Ayant des origines antillaises, des origines bien connues pour aimer la danse, c’est une généralité qui s’ajoute sur mes épaules déjà bien chargées et qui alimente mon processus de victimisation. Et vraiment, dans ces moments=là, le temps passe TRES TRES TRES lentement, on ne s’amuse pas, on subit, je ne saurais vous dire combien de temps cela a duré, peut être 2=3h si ce n’est plus, mais cette soirée=là a été le déclencheur d’une prise de conscience et d’une profonde remise en question : je me suis promis que c’était la dernière fois que je me retrouve dans cette situation et dès que j’aurai mon Baccalauréat, je prendrai des cours à la rentrée universitaire. Chose promise, chose faite.

Une promesse qui a été tenu facilement grâce à ma grande sœur, qui a entamé des recherches pour m’inscrire à un cours de salsa, et ayant déjà pratiqué un petit peu. Mon premier cours de danse _ Déjà, je remarque avec étonnement qu’il y a plus de garçons que je ne le pensais, presque la parité. Comment ça se fait disait mon cerveau qui subissait dans le même temps un tremblement de terre qui ravalait une bonne partie des clichés que j’avais. Je ne sais pas trop où me mettre, ah si peut=être vers le coin là, dans l’angle mort, comme ça si je fais une gaffe, on ne me verra pas trop. Mais bon, ma sœur étant à mes côtés, je vais la laisser faire.

Et le déroulement du cours et les premières mois de danse qui ont suivi s’est passé de la manière suivante, à l’image de la création de ce site ( waaahou quelle retournement à l’actualité ___) et au moment même où je rédige cet article, le deuxième d’une longue série : on ne sait pas par où commencer, on tâtonne, on écrit, on ré efface la phrase d’introduction, puis finalement on laisse comme ça en espérant trouver mieux après, on se déconnecte petit à petit du mental pour laisser place à l’inspiration et l’envolée lyrique en se basant sur son ressenti et de cette volonté à s’épanouir, à évoluer, à entrer dans un autre champ des possibles, à rencontrer et à toucher un maximum de personnes par la danse ou l’écriture, et dans cet état, il n’y a plus le syndrome de la page blanche, plus de panne d’inspiration, rien de tout cela : juste à lâcher=prise et écrire, écrire tout ce qui nous vient par la tête (avec quand même une certaine cohérence hein, je tiens à préciser pour l’internaute bourré qui a réussi jusque là à comprendre l’article pour ne pas qu’il se perde si il ne gise pas encore sur son clavier), et apprécier et éprouver de la gratitude pour ce qui nous arrive dans la vie, que ce soit en bien et surtout en mal car c’est là que le sens de la vie prend tout son sens, savoir faire face aux épreuves et les surmonter en ayant la volonté de franchir voir casser des barrières pour être de plus en plus soi=même.

evidance